Truckistan : du soleil dans ton écran !
Truckistan : du soleil dans ton écran !
Les bouteilles d'air montent en pression, la température d'huile se réchauffe...le Truckistan a rouvert ses portes pour quelques mois de bourlingue.
Au programme cet hiver : de l'aventuuuuure...de la passioooon...de l'amouuuuur. Et surtout des tajines, des camions, du ciel bleu, et un peu de tekno pour pimenter le tout !
C'est ici que ça se passe pour les précédentes aventures : http://www.truckistan.net
Pour celles à venir, je ferais un copier-coller de mes billets et photos ici afin de participer à la vie du forum !
PS : même si ce voyage a pour destination le Maroc je n'ai pas posté ce sujet dans "voyages en Afrique" car mon blog relate mes précédents voyages en Europe de l'Est et en Russie, et mes futurs bourlingages m'emmèneront sans doute vers l'Asie...A vous de voir les modos s'il a sa place dans une rubrique plus appropriée !
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Migration hivernale
J-3.
C'est arrivé tellement vite qu'il reste encore quelques lignes à rayer sur la to do list. Et le temps file à une telle allure ces derniers jours que je dois me faire à l'idée que certaines vont être épargnées; le nécessaire est fait, le reste attendra encore un peu. Quelques mois probablement...
L'hiver s'installe à grands pas, les arbres ont subi leur chimio annuelle et les températures se risquent de moins en moins dans la zone positive du thermomètre. J'en déduis qu'il est grand temps pour moi de partir à la poursuite des cigognes. Mieux organisées que moi, elles ont pris un peu d'avance; qu'importe j'ai bien l'intention de faire mentir La Fontaine en arrivant à temps sans être parti à point.
Je vais même pousser l'affront jusqu'à me permettre des étapes : la première sera dans la Drôme pour passer quelques jours avec mes compagnons de voyage de l'hiver dernier avant qu'ils ne se dispersent pour aller travailler toute la saison, la seconde à Montpellier pour y déposer un cadeau au pied du sapin de mon pilote de beau-frère. Ensuite finies les flâneries : je tire un cap vers Algeciras et file au plus vite vers l'embarcadère où m'attend le ferry qui d'un saut de puce me fera changer de continent.
C'est aussi le point de rendez-vous avec le sound system poitevin Kartier Schml que j'accompagnerais pour un temps et une distance encore indéfinies.
Mais trève de paroles, j'entends les plaintes de la perceuse, de la disqueuse et du pot de peinture qui se languissent de moi, et je ne voudrais pas faire attendre plus longtemps ces compagnons de travail avec qui je passe le plus clair des mes journées ces derniers temps.
Au programme cet hiver : de l'aventuuuuure...de la passioooon...de l'amouuuuur. Et surtout des tajines, des camions, du ciel bleu, et un peu de tekno pour pimenter le tout !
C'est ici que ça se passe pour les précédentes aventures : http://www.truckistan.net
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PS : même si ce voyage a pour destination le Maroc je n'ai pas posté ce sujet dans "voyages en Afrique" car mon blog relate mes précédents voyages en Europe de l'Est et en Russie, et mes futurs bourlingages m'emmèneront sans doute vers l'Asie...A vous de voir les modos s'il a sa place dans une rubrique plus appropriée !
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Migration hivernale
J-3.
C'est arrivé tellement vite qu'il reste encore quelques lignes à rayer sur la to do list. Et le temps file à une telle allure ces derniers jours que je dois me faire à l'idée que certaines vont être épargnées; le nécessaire est fait, le reste attendra encore un peu. Quelques mois probablement...
L'hiver s'installe à grands pas, les arbres ont subi leur chimio annuelle et les températures se risquent de moins en moins dans la zone positive du thermomètre. J'en déduis qu'il est grand temps pour moi de partir à la poursuite des cigognes. Mieux organisées que moi, elles ont pris un peu d'avance; qu'importe j'ai bien l'intention de faire mentir La Fontaine en arrivant à temps sans être parti à point.
Je vais même pousser l'affront jusqu'à me permettre des étapes : la première sera dans la Drôme pour passer quelques jours avec mes compagnons de voyage de l'hiver dernier avant qu'ils ne se dispersent pour aller travailler toute la saison, la seconde à Montpellier pour y déposer un cadeau au pied du sapin de mon pilote de beau-frère. Ensuite finies les flâneries : je tire un cap vers Algeciras et file au plus vite vers l'embarcadère où m'attend le ferry qui d'un saut de puce me fera changer de continent.
C'est aussi le point de rendez-vous avec le sound system poitevin Kartier Schml que j'accompagnerais pour un temps et une distance encore indéfinies.
Mais trève de paroles, j'entends les plaintes de la perceuse, de la disqueuse et du pot de peinture qui se languissent de moi, et je ne voudrais pas faire attendre plus longtemps ces compagnons de travail avec qui je passe le plus clair des mes journées ces derniers temps.
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Ne demandez jamais votre chemin à quelqu’un qui le connaît, vous risqueriez de ne pas vous perdre. (Zoo Project)
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
"to do list" : appeler joan
bon c'est pas grave t'a de la chance j'ai du remonter en bzh sinon je serais venu te casser les jambes sur ta route
je t’appellerais ces jours ci avant que tu passe en territoire ensoleillé
....'foiré ....
bonne route
bon c'est pas grave t'a de la chance j'ai du remonter en bzh sinon je serais venu te casser les jambes sur ta route
je t’appellerais ces jours ci avant que tu passe en territoire ensoleillé
....'foiré ....
bonne route
Avant j avais la Loco .... Mais ca , c était avant .....
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
cool que ta page remarche au fait
Avant j avais la Loco .... Mais ca , c était avant .....
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Ben écoute j'allais le faire (juré, c'est vrai !) j'attendais juste de connaître ma date de départ définitive.
Mais je prends note, je t'appelle demain
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Je profite de passer par ici pour faire un coucou du bled !
Petit résumé en images des semaines passées..
Pas encore tâté de la piste, mais ça va venir...
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
on voit la portière de la zx devant le s150 ..... on y étaisNoich' a écrit :
nan sans rire rhhaaaa........ je serais bien pas repartis de là bas .... on se vengera l'année prochaine ^^
a très vite l'ami , bon voyage ...
tu est rendu ou là? et avec qui du coup?
Avant j avais la Loco .... Mais ca , c était avant .....
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Oulaaaa on a vachement bougé, on est toujours à la palmeraie de Tafraoute
Je suis avec les potes qui avaient un FL7 et un M180 qui étaient posés à peu près face au son. Les Kartier Schmou sont pas très loin, on va régulièrement prendre l'apéro.
On a aussi organisé une super teuf pour laquelle j'ai réalisé ce magnifique flyer : Bref on s'occupe quoi
Je suis avec les potes qui avaient un FL7 et un M180 qui étaient posés à peu près face au son. Les Kartier Schmou sont pas très loin, on va régulièrement prendre l'apéro.
On a aussi organisé une super teuf pour laquelle j'ai réalisé ce magnifique flyer : Bref on s'occupe quoi
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Berrrrrrrer le Noich
à (pour)suivre
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
salut a toi,petit passage sur ton site et une petite envie de te dire d'écrire tout ça sur papier et d'en faire un bouquain(ou une bd avec des dessins sympa) j'aime la façon dont tu raconte les petit moment dans le camion en attendent que l'eau de ton thé bouillonne part éxemple,je n'est pas tout lu mais juste de lire ces quelques lignes me fait rappeler ces petit moment de bonheur simple mais très bénéfique pour le corp et l'ésprit qui nous sont offert part ces moment de liberté et de cérénité bonne route
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
C' est vrai qu'il est plaisant à lire ce petit journal.
Lorsque tu iras à Ouessant Noich', passe dire bonjour c' est sur la route
A+ Laorans
Lorsque tu iras à Ouessant Noich', passe dire bonjour c' est sur la route
A+ Laorans
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Merci à vous 2 !
@Tibo : j'avais aussi retrouvé dans tes récits ces petits riens qui font la magie des voyages (ou inversement, qui font que ça devient vite l'enfer quand plus rien ne va !). Pour ce qui est de publier j'y aurais pas pensé moi-même mais t'es pas le premier à me donner ce conseil, donc si un jour j'ai suffisamment de matière je me lancerais peut-être (d'autant plus que je bosse pour des maisons d'édition...enfin quand je bosse ).
@loarans : merci pour l'invit', j'y vais le mois prochain (mais en voiture, là je suis rentré hier et c'est maintenance pour le gros gros), je te ferais signe !
@Tibo : j'avais aussi retrouvé dans tes récits ces petits riens qui font la magie des voyages (ou inversement, qui font que ça devient vite l'enfer quand plus rien ne va !). Pour ce qui est de publier j'y aurais pas pensé moi-même mais t'es pas le premier à me donner ce conseil, donc si un jour j'ai suffisamment de matière je me lancerais peut-être (d'autant plus que je bosse pour des maisons d'édition...enfin quand je bosse ).
@loarans : merci pour l'invit', j'y vais le mois prochain (mais en voiture, là je suis rentré hier et c'est maintenance pour le gros gros), je te ferais signe !
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Ne demandez jamais votre chemin à quelqu’un qui le connaît, vous risqueriez de ne pas vous perdre. (Zoo Project)
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
En ces temps d'immobilité, je me suis enfin décidé à raconter en détail (sur mon blog, mais je vais faire suivre ici pour participer à cette partie du forum) une galère qui m'est arrivée pendant l'été 2008 : 1 camion, 2 voyageurs, 7g d'herbe, quelques douaniers...et des tonnes d'emmerdes à la clé.
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour raconter tout ça ? C'est le point de départ de cette histoire, que je publierais en plusieurs posts car c'est assez conséquent.
(et si vous pouvez m'épargner les "en même temps c'était pas malin" ou "la drogue, c'est mal" ...quoique, ça va parfaitement avec mon image de rang )
*******************************************************************************************************************
Ukraine 2008, ou la fin brutale d’un vagabondage insouciant
Septembre 2013, je casse ma boîte de transfert en Bulgarie. Coincé quelques jours dans une chambre d'hôtel le temps de trouver en France la pièce qui me permettra de repartir, je trouve tout à coup que cette situation a vaguement un air de déjà vu : 5 ans plus tôt, j'avais du rester un peu trop longtemps à mon goût dans un endroit bien moins agréable que Sofia, et dans des conditions bien plus pénibles qu'une panne mécanique. Je fouille mon disque dur et retrouve petit à petit des photos de cet épisode, des notes et surtout quelques vidéos dans lesquelles je me vois, 5 ans plus jeune, raconter ce qui m'arrive au fur et à mesure des évènements. Et je me rends compte que ma mémoire est en train d'effacer nombre de détails et de petits évènements que je ne veux pas laisser perdre dans l'oubli, ils sont le sel de cette histoire, et l'explication de bien des réactions que j'ai pu avoir à l'époque. Seul remède à l'effritement de ces souvenirs : reconstituer les pièces du puzzle tant qu'il en est encore temps en m'appuyant sur les documents que je venais de retrouver.
1 an et 1/2, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour faire ressurgir tous ces souvenirs, les coucher par écrit et me décider à les publier sur le blog.
******************************************************************************************************************
14 août 2008, 22 heures, je suis dans la salle d'attente de la gare de Presov dans l'est de la Slovaquie. Je suis seul, je suis à pied, et je n'ai pour tout bagage qu'un sweat à capuche, un jean, 3 caleçons, 3 teeshirts, 3 paires de chaussettes. Mais je suis libre.
J'allume mon appareil photo sur la position film, et je parle. En fait je me parle tout haut pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Il y a quelques heures j'étais encore passible de plusieurs années de prison, et me voici jeté hors d'un pays dans lequel je me suis débattu contre le système administratif et judiciaire 10 jours durant. Comment en sommes-nous arrivés là, comment les vacances de rêve ont-elles pu tourner au cauchemar, comment cette spirale infernale, telle le siphon du lavabo a t-elle pu nous entraîner de la surface lumineuse et insouciante du voyage aux profondeurs puantes de la privation de liberté et du poids de la peur.
Je m'appelle Olivier, j'ai 23 ans et depuis cet après-midi, j'ai retrouvé ma liberté.
***
17 juillet 2007, un providentiel accident de moto me permet de réunir tout à coup les fonds pour réaliser un projet qui me trotte dans la tête depuis déjà plusieurs années : m'acheter un fourgon, l'aménager et partir faire le tour de l'Europe au gré des teknivals qui s'y déroulent tous les étés. J'en parle à mon pote Seb, il est tout de suite motivé à me suivre dans l'aventure. Je ne l'ai proposé qu'à lui : parmi mes amis d'enfance je sais que c'est le seul à être suffisamment curieux et sans attaches pour se lancer dans le projet. De plus son caractère facile et ma position de 2 ans son aîné en font le compagnon idéal, le petit frère que je vais initier au microcosme des tekno travellers que j'ai découvert les 3 années précédentes lors de voyages en République Tchèque. Cette fois c'est parti pour la grande boucle : traversée du vieux continent jusqu'au sud de la mer Noire et le mythique teknival de Bulgarie que n'atteignent qu'une poignée de motivés que les galères de la route auront épargné.
En novembre le camion est acheté, et je commence les travaux dans la foulée : tous les week-ends le réveil sonne à 8 heures et c'est par un froid de canard que j'aménage petit à petit, en novice, les quelques mètres carrés qui nous déplaceront et nous abriterons pendant presque 3 mois. Enfin, en mai le voilà prêt à partir et nous profitons d'un pont pour partir 5 jours en Ardèche afin de le tester avant le départ et de voir comment se déroulera la vie à 2 dans un si petit espace. Le week-end se passe à merveille, je note les détails à modifier ou à améliorer et c'est en pairs, pour la première fois, que durant ce séjour nous côtoyons des routards dont nous parlons désormais le même langage.
Début juin nous arrêtons tous les deux de travailler, nous mettons les 4 semaines suivantes à profit pour les derniers bricolages et préparatifs, et le 26 juin nous prenons enfin la route après tant d'heures passées le nez sur la carte, dans les guides de voyage des pays que nous comptons traverser et sur les sites internets et forums sur lesquels seront données les informations permettant de trouver les évènements tekno qui, illégalité oblige ne délivreront les informations sur le lieu final de la fête qu'au dernier moment.
Derniers adieux à nos famille, j'embrasse une dernière fois ma copine et nous voilà partis direction : plein est !
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour raconter tout ça ? C'est le point de départ de cette histoire, que je publierais en plusieurs posts car c'est assez conséquent.
(et si vous pouvez m'épargner les "en même temps c'était pas malin" ou "la drogue, c'est mal" ...quoique, ça va parfaitement avec mon image de rang )
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Ukraine 2008, ou la fin brutale d’un vagabondage insouciant
Septembre 2013, je casse ma boîte de transfert en Bulgarie. Coincé quelques jours dans une chambre d'hôtel le temps de trouver en France la pièce qui me permettra de repartir, je trouve tout à coup que cette situation a vaguement un air de déjà vu : 5 ans plus tôt, j'avais du rester un peu trop longtemps à mon goût dans un endroit bien moins agréable que Sofia, et dans des conditions bien plus pénibles qu'une panne mécanique. Je fouille mon disque dur et retrouve petit à petit des photos de cet épisode, des notes et surtout quelques vidéos dans lesquelles je me vois, 5 ans plus jeune, raconter ce qui m'arrive au fur et à mesure des évènements. Et je me rends compte que ma mémoire est en train d'effacer nombre de détails et de petits évènements que je ne veux pas laisser perdre dans l'oubli, ils sont le sel de cette histoire, et l'explication de bien des réactions que j'ai pu avoir à l'époque. Seul remède à l'effritement de ces souvenirs : reconstituer les pièces du puzzle tant qu'il en est encore temps en m'appuyant sur les documents que je venais de retrouver.
1 an et 1/2, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour faire ressurgir tous ces souvenirs, les coucher par écrit et me décider à les publier sur le blog.
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14 août 2008, 22 heures, je suis dans la salle d'attente de la gare de Presov dans l'est de la Slovaquie. Je suis seul, je suis à pied, et je n'ai pour tout bagage qu'un sweat à capuche, un jean, 3 caleçons, 3 teeshirts, 3 paires de chaussettes. Mais je suis libre.
J'allume mon appareil photo sur la position film, et je parle. En fait je me parle tout haut pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Il y a quelques heures j'étais encore passible de plusieurs années de prison, et me voici jeté hors d'un pays dans lequel je me suis débattu contre le système administratif et judiciaire 10 jours durant. Comment en sommes-nous arrivés là, comment les vacances de rêve ont-elles pu tourner au cauchemar, comment cette spirale infernale, telle le siphon du lavabo a t-elle pu nous entraîner de la surface lumineuse et insouciante du voyage aux profondeurs puantes de la privation de liberté et du poids de la peur.
Je m'appelle Olivier, j'ai 23 ans et depuis cet après-midi, j'ai retrouvé ma liberté.
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17 juillet 2007, un providentiel accident de moto me permet de réunir tout à coup les fonds pour réaliser un projet qui me trotte dans la tête depuis déjà plusieurs années : m'acheter un fourgon, l'aménager et partir faire le tour de l'Europe au gré des teknivals qui s'y déroulent tous les étés. J'en parle à mon pote Seb, il est tout de suite motivé à me suivre dans l'aventure. Je ne l'ai proposé qu'à lui : parmi mes amis d'enfance je sais que c'est le seul à être suffisamment curieux et sans attaches pour se lancer dans le projet. De plus son caractère facile et ma position de 2 ans son aîné en font le compagnon idéal, le petit frère que je vais initier au microcosme des tekno travellers que j'ai découvert les 3 années précédentes lors de voyages en République Tchèque. Cette fois c'est parti pour la grande boucle : traversée du vieux continent jusqu'au sud de la mer Noire et le mythique teknival de Bulgarie que n'atteignent qu'une poignée de motivés que les galères de la route auront épargné.
En novembre le camion est acheté, et je commence les travaux dans la foulée : tous les week-ends le réveil sonne à 8 heures et c'est par un froid de canard que j'aménage petit à petit, en novice, les quelques mètres carrés qui nous déplaceront et nous abriterons pendant presque 3 mois. Enfin, en mai le voilà prêt à partir et nous profitons d'un pont pour partir 5 jours en Ardèche afin de le tester avant le départ et de voir comment se déroulera la vie à 2 dans un si petit espace. Le week-end se passe à merveille, je note les détails à modifier ou à améliorer et c'est en pairs, pour la première fois, que durant ce séjour nous côtoyons des routards dont nous parlons désormais le même langage.
Début juin nous arrêtons tous les deux de travailler, nous mettons les 4 semaines suivantes à profit pour les derniers bricolages et préparatifs, et le 26 juin nous prenons enfin la route après tant d'heures passées le nez sur la carte, dans les guides de voyage des pays que nous comptons traverser et sur les sites internets et forums sur lesquels seront données les informations permettant de trouver les évènements tekno qui, illégalité oblige ne délivreront les informations sur le lieu final de la fête qu'au dernier moment.
Derniers adieux à nos famille, j'embrasse une dernière fois ma copine et nous voilà partis direction : plein est !
Modifié en dernier par Noich' le 20 mars 2015 11:48, modifié 1 fois.
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Ne demandez jamais votre chemin à quelqu’un qui le connaît, vous risqueriez de ne pas vous perdre. (Zoo Project)
Ne demandez jamais votre chemin à quelqu’un qui le connaît, vous risqueriez de ne pas vous perdre. (Zoo Project)
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
5 août 2008, voilà maintenant 41 jours que nous sommes partis, et le voyage dépasse nos espérances. Les pays traversés sont beaux et accueillants, les fêtes ont non seulement tenu leurs promesses, mais nous ont en plus permis de rencontrer des gens plus sympas les uns que les autres, la cohabitation à 2 dans un si petit espace se passe pour le mieux, et je peux dire sans exagérer qu'à ce moment-là nous nageons dans le bonheur.
Seule ombre au tableau : l'Ukraine. Nous avons l'intention d'y passer non seulement pour accrocher un pays supplémentaire à notre tableau, mais aussi pour y faire le plein de gasoil, cigarettes et alcool pas cher. Les travellers rencontrés qui y sont déjà passés les années précédentes nous préviennent : l'entrée et la sortie en sont assez longues à cause de fouilles systématiques à la frontière pouvant parfois durer plusieurs heures, la consigne est donc claire : vous pouvez y aller mais surtout traversez dans les clous !
Hors, dans les clous nous y sommes à une exception près : les 7 grammes d'herbe qui restent du pochon que Seb s'est acheté au teknival de Pologne où nous étions quelques jours avant.
Je demande donc à mon compagnon de route de s'en séparer, mais impossible. J'ai beau lui expliquer que le jeu n'en vaut pas la chandelle, qu'après l'Ukraine nous nous rendons au teknival de Roumanie où il pourra en retrouver facilement, et que ce n'est pas le prix dérisoire que lui ont coûté ces quelques grammes qui méritent les risques qu'il va nous faire prendre. Rien n'y fait...
De guerre lasse je finis par lâcher le morceau, et le laisse cacher soigneusement la bombe à retardement dans une petit caisson de basse pour ordinateur qui nous sert à écouter de la musique et regarder des films lors de nos étapes. A ce moment-là mes raisons de le laisser faire sont multiples : je me dis que pour une si petite quantité le risque n'est pas énorme, et qu'au pire une nuit ou deux en garde à vue assorties d'une bonne amende lui serviront de leçon en cas de problème. Je suis déjà passé par là en France : ce n'est pas un traumatisme et ça met un peu de plomb dans la cervelle. Avec le recul je crois aussi que, grisés par les joies apparemment sans fin du voyage notre jugement en a été faussé, et notre évaluation des risques largement amoindrie.
***
Il est midi environ quand nous atteignons le poste frontière d'Uzhorod, ou plutôt l'immense file de semi-remorques qui en annonce la proximité. Nous, c'est Seb et moi évidemment mais aussi A. et M., un autre couple qui voyage avec leur poids lourd aménagé que nous avons rencontré en cours de route et avec qui nous voyageons depuis plusieurs jours. Après discussions avec les chauffeurs des derniers semi-remorques de la file qui nous annoncent pas loin de 48h d'attente nous prenons le taureau par les cornes et remontons pas loin de 2 kilomètres de camions arrêtés les uns derrière les autres pour finalement arriver au passage en douane réservé aux véhicules de tourisme. Il n'y a que 3 ou 4 voitures avant nous, les formalités s'annoncent rapides...
C'était sans compter l'arrogance des douaniers ukrainiens. Alors que la ligne imaginaire est très rapidement franchie côté slovaque, leurs homologues voisins choisissent de nous ignorer sans aucune raison apparente. Quand nous allons les voir pour leur demander la raison pour laquelle nous attendons et dans combien de temps nous serons contrôlés, nous nous faisons aboyer dessus et on nous intime l'ordre (que nous comprenons par leurs gestes équivoques, aucun d'eux ne semblant parler une autre langue que la leur) de retourner dans nos véhicules. Las, nous commençons à nous préparer à manger, et c'est quand nous nous mettons à installer tables et chaises sur l'aire d'attente qu'ils se décident à s'occuper de nous...après pas loin de 4 heures d'attente. Heures pendant lesquelles nous avons eu droit à l'étonnant spectacle de voir à plusieurs reprises de grosses berlines avec vitres teintées en noir passer la frontière sans le moindre contrôle...
Enfin nous y sommes : commence l'étape de remplissage des formulaires comportant tous les renseignements usuels, déclaration des biens de valeur que nous transportons, raison de notre visite en Ukraine, trajet emprunté et pays par lequel nous quitterons le territoire. Je me souviens très bien de l'impression de grotesque et d'inutilité que représentait pour nous cette paperasse : nous avions franchi lors de notre périple 5 frontières pour lesquelles les seules formalités avaient été tout au plus une rapide vérification des passeports, et encore... Après avoir rempli et restitué les formulaires vint alors le moment tant attendu et redouté de la fouille. Pas tant redouté à cause de la petite cachotterie que nous leurs faisons qu'à cause de l'accueil qui nous était réservé depuis le début. A leur attitude aucun doute, nous étions coupables de quelque chose et ils allaient retourner ciel et terre pour le trouver.
Après une demi-heure de fouille méticuleuse qui nous sembla une éternité, nous commencions déjà à nous réjouir discrètement qu'ils n'aient rien trouvé car nous pensions en avoir fini avec cette formalité...jusqu'à ce qu'ils nous demandent de déplacer le véhicule afin de le faire passer au scanner. Le scanner ne donnant pas plus de résultat c'est ensuite au-dessus d'une fosse que j'ai dû garer le camion afin de leur permettre de contrôler le dessous du véhicule, et pas un recoin de châssis n'y a échappé ! Il faut imaginer la tension qui montait en nous tout au long de ces contrôles dont la durée était doublée du fait que nous étions 2 véhicules qui passions tour à tour les différentes étapes ! Alors que nous nous croyions tirés d'affaire vint finalement le coup de grâce : un chien renifleur. Et on peut dire que l'animal était plus doué que ses maîtres puisqu'il ne mit pas 5 minutes à trouver ce que 5 douaniers avaient échoué à découvrir à grand renfort d'outils et de technologie.
L'épée de Damoclès avait fini par tomber, il ne nous restait plus qu'à savoir à quels problèmes cela nous exposait. Entre-temps la fouille du camion d'A. et M. avait elle aussi donné un résultat disproportionné par rapport au déploiement de moyens : la découverte de l'équivalent d'un joint d'herbe dans la poche d'une veste qu'A. gardait derrière son siège conducteur, dont il avait totalement oublié la présence et qui devait être là depuis plus d'un an. Le produit était d'ailleurs tellement vieux qu'ayant changé de couleur au fil du temps les douaniers le firent analyser...pour ne plus rien trouver d'illicite dedans ! Mais cherchant à tout prix un moyen de leur refuser l'entrée c'est au motif de la découverte d'une carabine à plomb de fête foraine qu'ils se sont vus refuser l'entrée sur le territoire, à leur soulagement finalement car c'est en bien plus grande quantité que nous qu'ils transportaient divers psychotropes illégaux eux aussi...mais mieux cachés !
Je me souviens comme si c'était hier des au revoir que nous nous fîmes ce soir-là, et l'image de leur camion s'en retournant en Slovaquie restera longtemps dans ma mémoire.
Nous étions désormais seuls, à attendre de savoir ce qui nous attendait. Seb ayant tout de suite dit que l'herbe lui appartenait, à ce moment je pensais encore n'être retenu que quelques heures malgré un douanier nous mimant tout sourire des mains menottées et les 5 ans qui nous attendaient avec ces bracelets, me répétant "collega, collega", me signifiant ainsi qu'il ne croyait pas en mon innocence... Cet espoir venait aussi du fait qu'au lieu de nous embarquer en cellule ils nous avaient en fait intimé l'ordre de rester dans le camion. Les heures passant et la nuit étant tombée depuis un moment nous essayâmes de dormir pour essayer de tuer le temps.
Seule ombre au tableau : l'Ukraine. Nous avons l'intention d'y passer non seulement pour accrocher un pays supplémentaire à notre tableau, mais aussi pour y faire le plein de gasoil, cigarettes et alcool pas cher. Les travellers rencontrés qui y sont déjà passés les années précédentes nous préviennent : l'entrée et la sortie en sont assez longues à cause de fouilles systématiques à la frontière pouvant parfois durer plusieurs heures, la consigne est donc claire : vous pouvez y aller mais surtout traversez dans les clous !
Hors, dans les clous nous y sommes à une exception près : les 7 grammes d'herbe qui restent du pochon que Seb s'est acheté au teknival de Pologne où nous étions quelques jours avant.
Je demande donc à mon compagnon de route de s'en séparer, mais impossible. J'ai beau lui expliquer que le jeu n'en vaut pas la chandelle, qu'après l'Ukraine nous nous rendons au teknival de Roumanie où il pourra en retrouver facilement, et que ce n'est pas le prix dérisoire que lui ont coûté ces quelques grammes qui méritent les risques qu'il va nous faire prendre. Rien n'y fait...
De guerre lasse je finis par lâcher le morceau, et le laisse cacher soigneusement la bombe à retardement dans une petit caisson de basse pour ordinateur qui nous sert à écouter de la musique et regarder des films lors de nos étapes. A ce moment-là mes raisons de le laisser faire sont multiples : je me dis que pour une si petite quantité le risque n'est pas énorme, et qu'au pire une nuit ou deux en garde à vue assorties d'une bonne amende lui serviront de leçon en cas de problème. Je suis déjà passé par là en France : ce n'est pas un traumatisme et ça met un peu de plomb dans la cervelle. Avec le recul je crois aussi que, grisés par les joies apparemment sans fin du voyage notre jugement en a été faussé, et notre évaluation des risques largement amoindrie.
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Il est midi environ quand nous atteignons le poste frontière d'Uzhorod, ou plutôt l'immense file de semi-remorques qui en annonce la proximité. Nous, c'est Seb et moi évidemment mais aussi A. et M., un autre couple qui voyage avec leur poids lourd aménagé que nous avons rencontré en cours de route et avec qui nous voyageons depuis plusieurs jours. Après discussions avec les chauffeurs des derniers semi-remorques de la file qui nous annoncent pas loin de 48h d'attente nous prenons le taureau par les cornes et remontons pas loin de 2 kilomètres de camions arrêtés les uns derrière les autres pour finalement arriver au passage en douane réservé aux véhicules de tourisme. Il n'y a que 3 ou 4 voitures avant nous, les formalités s'annoncent rapides...
C'était sans compter l'arrogance des douaniers ukrainiens. Alors que la ligne imaginaire est très rapidement franchie côté slovaque, leurs homologues voisins choisissent de nous ignorer sans aucune raison apparente. Quand nous allons les voir pour leur demander la raison pour laquelle nous attendons et dans combien de temps nous serons contrôlés, nous nous faisons aboyer dessus et on nous intime l'ordre (que nous comprenons par leurs gestes équivoques, aucun d'eux ne semblant parler une autre langue que la leur) de retourner dans nos véhicules. Las, nous commençons à nous préparer à manger, et c'est quand nous nous mettons à installer tables et chaises sur l'aire d'attente qu'ils se décident à s'occuper de nous...après pas loin de 4 heures d'attente. Heures pendant lesquelles nous avons eu droit à l'étonnant spectacle de voir à plusieurs reprises de grosses berlines avec vitres teintées en noir passer la frontière sans le moindre contrôle...
Enfin nous y sommes : commence l'étape de remplissage des formulaires comportant tous les renseignements usuels, déclaration des biens de valeur que nous transportons, raison de notre visite en Ukraine, trajet emprunté et pays par lequel nous quitterons le territoire. Je me souviens très bien de l'impression de grotesque et d'inutilité que représentait pour nous cette paperasse : nous avions franchi lors de notre périple 5 frontières pour lesquelles les seules formalités avaient été tout au plus une rapide vérification des passeports, et encore... Après avoir rempli et restitué les formulaires vint alors le moment tant attendu et redouté de la fouille. Pas tant redouté à cause de la petite cachotterie que nous leurs faisons qu'à cause de l'accueil qui nous était réservé depuis le début. A leur attitude aucun doute, nous étions coupables de quelque chose et ils allaient retourner ciel et terre pour le trouver.
Après une demi-heure de fouille méticuleuse qui nous sembla une éternité, nous commencions déjà à nous réjouir discrètement qu'ils n'aient rien trouvé car nous pensions en avoir fini avec cette formalité...jusqu'à ce qu'ils nous demandent de déplacer le véhicule afin de le faire passer au scanner. Le scanner ne donnant pas plus de résultat c'est ensuite au-dessus d'une fosse que j'ai dû garer le camion afin de leur permettre de contrôler le dessous du véhicule, et pas un recoin de châssis n'y a échappé ! Il faut imaginer la tension qui montait en nous tout au long de ces contrôles dont la durée était doublée du fait que nous étions 2 véhicules qui passions tour à tour les différentes étapes ! Alors que nous nous croyions tirés d'affaire vint finalement le coup de grâce : un chien renifleur. Et on peut dire que l'animal était plus doué que ses maîtres puisqu'il ne mit pas 5 minutes à trouver ce que 5 douaniers avaient échoué à découvrir à grand renfort d'outils et de technologie.
L'épée de Damoclès avait fini par tomber, il ne nous restait plus qu'à savoir à quels problèmes cela nous exposait. Entre-temps la fouille du camion d'A. et M. avait elle aussi donné un résultat disproportionné par rapport au déploiement de moyens : la découverte de l'équivalent d'un joint d'herbe dans la poche d'une veste qu'A. gardait derrière son siège conducteur, dont il avait totalement oublié la présence et qui devait être là depuis plus d'un an. Le produit était d'ailleurs tellement vieux qu'ayant changé de couleur au fil du temps les douaniers le firent analyser...pour ne plus rien trouver d'illicite dedans ! Mais cherchant à tout prix un moyen de leur refuser l'entrée c'est au motif de la découverte d'une carabine à plomb de fête foraine qu'ils se sont vus refuser l'entrée sur le territoire, à leur soulagement finalement car c'est en bien plus grande quantité que nous qu'ils transportaient divers psychotropes illégaux eux aussi...mais mieux cachés !
Je me souviens comme si c'était hier des au revoir que nous nous fîmes ce soir-là, et l'image de leur camion s'en retournant en Slovaquie restera longtemps dans ma mémoire.
Nous étions désormais seuls, à attendre de savoir ce qui nous attendait. Seb ayant tout de suite dit que l'herbe lui appartenait, à ce moment je pensais encore n'être retenu que quelques heures malgré un douanier nous mimant tout sourire des mains menottées et les 5 ans qui nous attendaient avec ces bracelets, me répétant "collega, collega", me signifiant ainsi qu'il ne croyait pas en mon innocence... Cet espoir venait aussi du fait qu'au lieu de nous embarquer en cellule ils nous avaient en fait intimé l'ordre de rester dans le camion. Les heures passant et la nuit étant tombée depuis un moment nous essayâmes de dormir pour essayer de tuer le temps.
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Ne demandez jamais votre chemin à quelqu’un qui le connaît, vous risqueriez de ne pas vous perdre. (Zoo Project)
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
2 heures du matin, la porte coulissante de mon fourgon s'ouvre brusquement et nous sommes réveillés par les aboiements des fonctionnaires et les faisceaux des lampes de poche qu'ils nous braquent sur le visage. Alors qu'ils tirent Seb hors du camion, ils m'intiment l'ordre de rester où je suis. Commence alors pour moi une longue attente dans la crainte de ce qu'ils peuvent faire à Seb, mon cadet n'ayant pas parmi ses nombreuses qualité celles de faire à des situations "chaudes". C'est avec soulagement que je le vois revenir indemne moins d'une heure plus tard et lui demande ce qu'il s'est passé, pour l'entendre me répondre laconiquement qu'ils lui ont "juste fait signer des papier". Connaissant son niveau d'anglais plus que mauvais je lui demande s'il a compris ce qu'il a signé, et celui-ci me répond que c'est impossible, tous les documents étant rédigés en cyrillique !
Je laisse alors la éclater la colère que je contenais jusque là de me retrouver dans cette situation, et qu'étant donné ce qui vient de nous arriver signer des papiers que nous ne comprenons pas était la dernière chose à faire. Il se rend compte de son erreur, mais se justifie en me disant qu'il n'a pas eu le choix. Sur ces entrefaites la porte s'ouvre à nouveau et c'est à mon tour d'être embarqué vers le bâtiment des douanes pour être installé dans une salle digne d'un mauvais film hollywoodien où le méchant porte une étoile rouge sur la casquette. Uniquement meublée d'un longue table et de quelques chaises, la pièce aux murs gris-bleu est éclairée par la lumière d'un néon blanc, particulièrement aveuglante pour moi qui vient d'être tiré de l'obscurité du camion. Je suis assis face à un douanier (que je n'avais pas encore vu jusqu'à présent) qui me présente des documents, me donne un stylo et me fait comprendre que je dois signer. Par signes je lui explique que je n'en comprends pas un mot, et que par conséquent je refuse. Je vois qu'il s'énerve, sa voix monte d'un ton, il tourne les 4 ou 5 pages et me désigne l'endroit où je dois apposer ma signature. Devant un nouveau refus de ma part, las de me crier dessus il se met à appeler. Je vois alors débarquer 2 autres fonctionnaires mais pas en uniformes ceux-là; ils se placent derrière moi, l'un d'eux me saisit le bras et me met de force le stylo dans la main. Je dégage mon bras, lâche le stylo et leur oppose un nouveau refus catégorique. A ce moment-là je m'attends à prendre une raclée aussi certainement que ma réaction n'a pas l'air de leur avoir plu. Qu'importe, la violence n'a pas sur moi un grand pouvoir de coercition, j'attends donc les coups qui ne vont pas manquer de tomber d'un instant à l'autre. Mais, agréable surprise, rien ne vient et après de très longues secondes, devant mon obstination à refuser toute signature je suis ramené au camion où je retrouve Seb. Nous essayons de dormir un peu à nouveau, et 3 heures après les revoilà qui viennent me chercher, me ramènent dans la même pièce où j'ai la surprise de voir une jeune femme s'adresser à moi...en français ! Mon obstination a fini par payer, nous allons enfin pouvoir être assistés d'une interprète.
***
Les papiers s'avèreront finalement être des documents de "protokol" (procédure, mot que j'entendrais à de nombreuses reprises par la suite) dans laquelle nous reconnaissions avoir fait entrer illégalement une drogue interdite sur le territoire ukrainien. Après avoir fait consigner le fait que les produits en question ne m'appartenaient pas et que j'en ignorais la présence (ce qui nécessita encore quelques âpres négociations), je finis par signer les papiers et on me ramène au camion pour y finir la nuit. Le lendemain dans la matinée un douanier vient nous chercher pour nous annoncer que nous allons être transférés pour 3 jours dans des locaux de la douane, que la camion va être garé dans un parking en ville sous la garde de la même administration et que nous n'y auront pas accès. Celui-ci me prévient : prenez ce dont vous aurez besoin pour ces 3 jours. Cela signifie t-il prendre de quoi nous laver et nous changer, ou carrément prendre de quoi subvenir à nos besoin ? Alors que je fais mentalement la liste des choses dont nous devons nous munir je vois Seb, l'insouciant de notre binôme, sortir du camion avec une bière, un sachet de graines de tournesol et son oreiller. Un peu plus angoissé quant à la suite des évènements je décide de prendre, outre quelques affaires de toilette et de rechange, un pack d'eau et de quoi manger en fourrant dans un grand sac tout ce que nous avions et qui ne nécessitait pas d'être cuisiné : boîtes de conserves, gâteaux secs, pain, fromage... Et nous voilà contraints de quitter le camion pour nous rendre dans des locaux préfabriqués situés à quelques dizaines de mètres de là, en plein No man's land douanier. 2 surprises nous y attendent : la première, celle de voir un couple de français occuper les locaux. Franck et Marion (accompagnés de leur chienne Rita), 2 routards qui suivaient le même itinéraire que nous et qui se sont fait arrêter pour les mêmes raisons quelques heures avant nous. La seconde est de n'être pas enfermés : pas de serrures aux portes, par contre étant donné les environs ce semblant de liberté s'estompe bien vite. A peine nous éloignons-nous de quelques mètres du bâtiment qu'on nous somme d'y retourner et de ne pas s'en éloigner. Les premières heures nous procurent un peu de distraction dans cette affaire : nous faisons la connaissance de nos compagnons de galère, découvrons rapidement le petit bâtiment composé de 2 pièces, et nous nous racontons nos histoires respectives. Ayant emporté mon appareil photo, je fais alors la 1ère d'une série de courtes vidéos que j'enregistrerais tous les 2 jours. J'y filme l'endroit, et le ton que j'emploie pour le décrire est encore léger quoique les locaux ne s'y prêtent pas tant que ça : pas de sanitaires ni même d'eau courante, l'endroit est crasseux à souhait et encombré de mille objets inutiles; le seul luxe qui nous est accordé est l'électricité. Commence alors l'attente...
Franck et Marion ayant aussi été prévoyants quant à leurs moyens de subsistance et n'ayant reçu pour le moment ni eau ni nourriture nous mangeons un morceau avec ce que nous avons amené de nos fourgons. Encore plus prévenant que moi, Franck a aussi pensé à se munir de son ordinateur portable et de ses disques dur externes regorgeant de films et de séries télévisées. Installés aussi confortablement que possible dans le canapé pouilleux qui me servira aussi de lit, c'est l'un après l'autre que nous regardons les films, pris de boulimie cinématographique forcée non seulement par le fait que nous n'ayons rien d'autre à faire mais aussi parce cette distraction est un excellent moyen de ne pas penser à notre situation pour le moins stressante. Les heures passent, les films s'enchaînent et la nuit vient sans que nous ayons eu la moindre nouvelle concernant notre affaire (pendant 30 heures personne ne viendra nous voir et nous ne recevrons aucune nouvelle), et toujours pas d'eau ni de nourriture autres que celles que nous avions eu la précaution de prendre. Seule activité de mon côté : prévenir ma copine de ce qui nous arrive tout en lui demandant de n'en surtout pas informer mes parents. Connaissant le caractère angoissé de ma mère je me dis qu'il est pour le moment inutile de la mettre au courant de nos démêlés qui vont l'empêcher de dormir. Ma formidable Céline aura immédiatement la présence d'esprit de prévenir l'ambassade de France à Kiev afin qu'ils soient informés de notre présence sans rien leur cacher de la raison de notre rétention.
Après une mauvaise nuit (la première d'un longue série), la deuxième journée s'écoule comme la première : oisive, angoissante et sans la moindre nouvelle de la part de nos cerbères dont pas un ne semble parler l'anglais ni quelque autre langue que ce soit. La journée est donc passée en grande partie devant l'ordinateur, et quand nous avons besoin de prendre l'air et de nous reposer les yeux nous nous asseyons sur le seuil de notre porte pour regarder s'écouler la lente noria des véhicules qui peinent à franchir la frontière, que ça soit pour entrer ou sortir du pays.
En fin de journée coup de fil de notre interprète pour nous prévenir que notre affaire peut désormais prendre 2 directions totalement opposées : soit l'affaire reste douanière et dans le cas nous pourrons rapidement quitter le pays, soit notre dossier sera transféré à la police et là, ça se compliquera... Je me dis que vu la tournure que peuvent prendre les évènements - à savoir soit un dénouement rapide soit de gros soucis - il faut que je mette au courant mes parents. C'est donc ce que je fais par un coup de fil à mon père en tâchant d'être le plus rassurant possible, et sans leur faire part des pires perspectives qui pourraient s'offrir à nous. Mais ils ne sont pas dupes de ma fausse bonne humeur et de mes paroles rassurantes, ainsi commence à leur tour une série de nuits blanches...
Je laisse alors la éclater la colère que je contenais jusque là de me retrouver dans cette situation, et qu'étant donné ce qui vient de nous arriver signer des papiers que nous ne comprenons pas était la dernière chose à faire. Il se rend compte de son erreur, mais se justifie en me disant qu'il n'a pas eu le choix. Sur ces entrefaites la porte s'ouvre à nouveau et c'est à mon tour d'être embarqué vers le bâtiment des douanes pour être installé dans une salle digne d'un mauvais film hollywoodien où le méchant porte une étoile rouge sur la casquette. Uniquement meublée d'un longue table et de quelques chaises, la pièce aux murs gris-bleu est éclairée par la lumière d'un néon blanc, particulièrement aveuglante pour moi qui vient d'être tiré de l'obscurité du camion. Je suis assis face à un douanier (que je n'avais pas encore vu jusqu'à présent) qui me présente des documents, me donne un stylo et me fait comprendre que je dois signer. Par signes je lui explique que je n'en comprends pas un mot, et que par conséquent je refuse. Je vois qu'il s'énerve, sa voix monte d'un ton, il tourne les 4 ou 5 pages et me désigne l'endroit où je dois apposer ma signature. Devant un nouveau refus de ma part, las de me crier dessus il se met à appeler. Je vois alors débarquer 2 autres fonctionnaires mais pas en uniformes ceux-là; ils se placent derrière moi, l'un d'eux me saisit le bras et me met de force le stylo dans la main. Je dégage mon bras, lâche le stylo et leur oppose un nouveau refus catégorique. A ce moment-là je m'attends à prendre une raclée aussi certainement que ma réaction n'a pas l'air de leur avoir plu. Qu'importe, la violence n'a pas sur moi un grand pouvoir de coercition, j'attends donc les coups qui ne vont pas manquer de tomber d'un instant à l'autre. Mais, agréable surprise, rien ne vient et après de très longues secondes, devant mon obstination à refuser toute signature je suis ramené au camion où je retrouve Seb. Nous essayons de dormir un peu à nouveau, et 3 heures après les revoilà qui viennent me chercher, me ramènent dans la même pièce où j'ai la surprise de voir une jeune femme s'adresser à moi...en français ! Mon obstination a fini par payer, nous allons enfin pouvoir être assistés d'une interprète.
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Les papiers s'avèreront finalement être des documents de "protokol" (procédure, mot que j'entendrais à de nombreuses reprises par la suite) dans laquelle nous reconnaissions avoir fait entrer illégalement une drogue interdite sur le territoire ukrainien. Après avoir fait consigner le fait que les produits en question ne m'appartenaient pas et que j'en ignorais la présence (ce qui nécessita encore quelques âpres négociations), je finis par signer les papiers et on me ramène au camion pour y finir la nuit. Le lendemain dans la matinée un douanier vient nous chercher pour nous annoncer que nous allons être transférés pour 3 jours dans des locaux de la douane, que la camion va être garé dans un parking en ville sous la garde de la même administration et que nous n'y auront pas accès. Celui-ci me prévient : prenez ce dont vous aurez besoin pour ces 3 jours. Cela signifie t-il prendre de quoi nous laver et nous changer, ou carrément prendre de quoi subvenir à nos besoin ? Alors que je fais mentalement la liste des choses dont nous devons nous munir je vois Seb, l'insouciant de notre binôme, sortir du camion avec une bière, un sachet de graines de tournesol et son oreiller. Un peu plus angoissé quant à la suite des évènements je décide de prendre, outre quelques affaires de toilette et de rechange, un pack d'eau et de quoi manger en fourrant dans un grand sac tout ce que nous avions et qui ne nécessitait pas d'être cuisiné : boîtes de conserves, gâteaux secs, pain, fromage... Et nous voilà contraints de quitter le camion pour nous rendre dans des locaux préfabriqués situés à quelques dizaines de mètres de là, en plein No man's land douanier. 2 surprises nous y attendent : la première, celle de voir un couple de français occuper les locaux. Franck et Marion (accompagnés de leur chienne Rita), 2 routards qui suivaient le même itinéraire que nous et qui se sont fait arrêter pour les mêmes raisons quelques heures avant nous. La seconde est de n'être pas enfermés : pas de serrures aux portes, par contre étant donné les environs ce semblant de liberté s'estompe bien vite. A peine nous éloignons-nous de quelques mètres du bâtiment qu'on nous somme d'y retourner et de ne pas s'en éloigner. Les premières heures nous procurent un peu de distraction dans cette affaire : nous faisons la connaissance de nos compagnons de galère, découvrons rapidement le petit bâtiment composé de 2 pièces, et nous nous racontons nos histoires respectives. Ayant emporté mon appareil photo, je fais alors la 1ère d'une série de courtes vidéos que j'enregistrerais tous les 2 jours. J'y filme l'endroit, et le ton que j'emploie pour le décrire est encore léger quoique les locaux ne s'y prêtent pas tant que ça : pas de sanitaires ni même d'eau courante, l'endroit est crasseux à souhait et encombré de mille objets inutiles; le seul luxe qui nous est accordé est l'électricité. Commence alors l'attente...
Franck et Marion ayant aussi été prévoyants quant à leurs moyens de subsistance et n'ayant reçu pour le moment ni eau ni nourriture nous mangeons un morceau avec ce que nous avons amené de nos fourgons. Encore plus prévenant que moi, Franck a aussi pensé à se munir de son ordinateur portable et de ses disques dur externes regorgeant de films et de séries télévisées. Installés aussi confortablement que possible dans le canapé pouilleux qui me servira aussi de lit, c'est l'un après l'autre que nous regardons les films, pris de boulimie cinématographique forcée non seulement par le fait que nous n'ayons rien d'autre à faire mais aussi parce cette distraction est un excellent moyen de ne pas penser à notre situation pour le moins stressante. Les heures passent, les films s'enchaînent et la nuit vient sans que nous ayons eu la moindre nouvelle concernant notre affaire (pendant 30 heures personne ne viendra nous voir et nous ne recevrons aucune nouvelle), et toujours pas d'eau ni de nourriture autres que celles que nous avions eu la précaution de prendre. Seule activité de mon côté : prévenir ma copine de ce qui nous arrive tout en lui demandant de n'en surtout pas informer mes parents. Connaissant le caractère angoissé de ma mère je me dis qu'il est pour le moment inutile de la mettre au courant de nos démêlés qui vont l'empêcher de dormir. Ma formidable Céline aura immédiatement la présence d'esprit de prévenir l'ambassade de France à Kiev afin qu'ils soient informés de notre présence sans rien leur cacher de la raison de notre rétention.
Après une mauvaise nuit (la première d'un longue série), la deuxième journée s'écoule comme la première : oisive, angoissante et sans la moindre nouvelle de la part de nos cerbères dont pas un ne semble parler l'anglais ni quelque autre langue que ce soit. La journée est donc passée en grande partie devant l'ordinateur, et quand nous avons besoin de prendre l'air et de nous reposer les yeux nous nous asseyons sur le seuil de notre porte pour regarder s'écouler la lente noria des véhicules qui peinent à franchir la frontière, que ça soit pour entrer ou sortir du pays.
En fin de journée coup de fil de notre interprète pour nous prévenir que notre affaire peut désormais prendre 2 directions totalement opposées : soit l'affaire reste douanière et dans le cas nous pourrons rapidement quitter le pays, soit notre dossier sera transféré à la police et là, ça se compliquera... Je me dis que vu la tournure que peuvent prendre les évènements - à savoir soit un dénouement rapide soit de gros soucis - il faut que je mette au courant mes parents. C'est donc ce que je fais par un coup de fil à mon père en tâchant d'être le plus rassurant possible, et sans leur faire part des pires perspectives qui pourraient s'offrir à nous. Mais ils ne sont pas dupes de ma fausse bonne humeur et de mes paroles rassurantes, ainsi commence à leur tour une série de nuits blanches...
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Ne demandez jamais votre chemin à quelqu’un qui le connaît, vous risqueriez de ne pas vous perdre. (Zoo Project)
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
je connaissais un peu l'histoire (déjà intéressante à la base) mais les détails et le style en font un scénario super intéressant...
Vivement le film
Merci pour ce partage......
Vivement le film
Merci pour ce partage......
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
C'est stupéfiant comme situation..
Je n'ai jamais eu de réels soucis avec les douanes, mais pour les avoir pas mal pratiqués dans des pays généralement plus softs que l'Ukraine (ou alors avec des gens qui connaissaient les rouages, en Afwique) je sais aussi à quel point ils peuvent être puissamment pénibles..
Pareil, vivement la saison 2 (comment ça se dit "Midnight Express" en ukrainien ?.. )
Je n'ai jamais eu de réels soucis avec les douanes, mais pour les avoir pas mal pratiqués dans des pays généralement plus softs que l'Ukraine (ou alors avec des gens qui connaissaient les rouages, en Afwique) je sais aussi à quel point ils peuvent être puissamment pénibles..
Pareil, vivement la saison 2 (comment ça se dit "Midnight Express" en ukrainien ?.. )
J'voulais un LT 4x4 (1° génération) mais faut le PL, donc pour le moment rien.... Du nouveau: Je passe le PL en ce moment, mais au final je prendrais plus gros..
Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Notre troisième jour sur le territoire ukrainien semblait bien parti pour ressembler aux deux précédents. En fin de matinée nous appelons cependant l'ambassade de France pour leur demander s'ils ont des nouvelles de notre cas, leur signaler que nous nous sommes fait confisquer nos passeports (ce qui est en théorie illégal, le passeport étant la propriété de l'état français et non de son détenteur), mais aussi pour nous plaindre du fait que nous n'ayons reçu ni eau ni nourriture depuis notre arrestation, et que nos réserves sont en passe d'être épuisées. La réponse en ce qui nous concerne est pour le moins angoissante : pas de nouvelles, mais si un quelconque douanier décidait de nous laisser croupir ici aussi longtemps qu'il le voudrait ils n'y pourraient rien... Pour ce qui est de nos réclamations quant à nos moyens de subsistance, la seule conséquence en sera que nos douaniers nous "offrirons" un café et un paquet de gâteaux secs.
Soudain en début d'après-midi deux douaniers font subitement irruption dans le préfabriqué en nous faisant comprendre de nous munir de nos bagages et de les suivre. Tout va très vite, ils nous pressent, nous crient dessus et le seul mot que je comprends est "bistro, bistro !!" (vite, vite !!). Nous rassemblons nos quelques affaires aussi vite que possible, et les suivons à l'extérieur où je vois qu'un fourgon nous attend. Ne pouvant obtenir aucune information de leur part je refuse de monter dans le fourgon et demande à mes compagnons de faire de même tant que nous ne saurons pas où nous allons être emmenés. Coup de fil en urgence à notre interprète à qui je passe un des douaniers, je récupère le téléphone et le couperet tombe : loin de s'arranger notre dossier à été transféré des douanes au SBU, les services de sécurité intérieure ukrainiens qui veulent nous interroger dans leurs locaux. Un mot à propos du SBU, il s'agit d'une unité bien différente de la police ou de la Militsya, chargées du maintient l'ordre public. Le SBU s'occupe quant à lui de la sûreté de l'état (son équivalent français serait la DGSE) et ses champs d'action sont le contrespionnage, la lutte contre le terrorisme, le commerce illégal de matériel militaire réglementé (armes, armes de destruction massives, etc.) et...la contrebande, catégorie dans laquelle ils ont jugé adapté de nous classer. Nous sommes abasourdis, alors qu'il était encore possible que nous soyons relâchés nous voilà traités comme des terroristes, la situation est tellement ubuesque que nous avons du mal à réaliser ce qui nous arrive, notre première réaction étant de nous dire que ce n'est pas possible, il doit s'agir d'une erreur dont ils se rendront vite compte.
Bref, nous montons finalement dans le fourgon et je profite du trajet vers la ville toute proche pour prévenir l'ambassade de ce nouveau rebondissement. Arrivés sur place Seb, Franck et Marion sont emmenés dans le bâtiment pour y être interrogés, quant à moi je suis sommé de rester dans le fourgon. Je reste donc là un bon moment avec la chienne Rita jusqu'à ce que 3 agents viennent me voir et m'expliquent la situation : si nous avons de l'argent nous pouvons aller à l'hôtel, si nous n'en avons pas nous serons conduits directement en prison. Il va de soi que je choisis la première option, un agent monte donc dans le fourgon et me conduit dans...un parc public de la ville, où il me débarque avec mes affaires, mais aussi la chienne et toutes les affaires des 3 autres dans des sacs plastiques ! Le tout sans la moindre explication; je ne comprends rien à la situation, mais le type me dit d'attendre ici. La scène, déjà pour le moins déstabilisante, devient surréaliste quand je vois les 3 agents en uniforme me rejoindre, entrer dans l'épicerie en face du parc pour y acheter des bières, et s'installer sur un banc du parc pour les siroter. Et me voici venant de passer à 2 doigts de la case prison, me voir proposer un bière par ceux qui doivent décider de mon emploi du temps des quelques années à venir ! Autant dire que la bière n'est pas acceptée de bon coeur mais pour essayer de les faire parler et d'en savoir un peu plus sur ce qui nous attend vraiment. C'est peine perdue, eux-même ne sont pas décisionnaires, ils se contenteront de mener l'enquête et c'est un juge qui statuera sur notre sort. La machine judiciaire est donc lancée...
La bière terminée me voilà parti avec eux dans leur voiture pour aller retirer des devises ukrainiennes et ensuite trouver un hôtel.
***
Nous arrivons à la réception de l'hôtel à la tombée de la nuit, et malgré le refus de la réceptionniste de me laisser prendre une chambre à cause du chien les policiers ne lui laissent pas le choix, ils me font donc monter avec l'animal et mes multiples sacs dans la chambre et m'y laissent en me disant que mes compatriotes m'y rejoindront plus tard. Je me retrouve donc seul et profite de ce premier moment de solitude pour prendre une douche et faire le vide dans ma tête. Je me souviens parfaitement de ce moment où je me retrouvait nu, sale et épuisé, éprouvant une terrible lassitude. Je réglais la température de l'eau de plus en plus chaude, lentement, laissant à ma peau le temps de s'adapter à chaque degré supplémentaire jusqu'à ce que la température devienne brûlante. Je me suis alors accroupi dans la minuscule baignoire, ai posé la tête sur mes genoux, fermé les yeux et fredonné "dans le port d'Amsterdam" afin de ne plus penser à rien, n'entendant nul autre bruit que le vacarme des trombes d'eau dans mes oreilles, sur le rideau de douche et le sol de la baignoire.
Lavé, quelque peu délassé et détendu je tâche de m'occuper en attendant Seb, afin de ne pas trop réfléchir. Je trie les affaires en fonction de leurs propriétaires respectifs et je commence à chasser les moustiques qui sont légion sur les murs et le plafond jaunâtres de la chambre. Au bout d'environ une heure les 3 autres reviennent. Nos amis de galère vont, malgré la tentative des policiers d'imposer notre présence, devoir changer d'établissement car la réceptionniste est revenue à la charge à propos de leur animal de compagnie et refuse donc catégoriquement de le garder. Quant à nous, nous devons rester au minimum 10 jours dans cet hôtel afin d'avoir une adresse fixe, une autre subtilité administrative autochtone à laquelle nous préférons ne pas chercher d'explication. Puis c'est le débriefing avec Seb : l'interrogatoire est resté superficiel, étant donné l'heure tardive il semble que les policiers n'aient pas souhaité faire durer l'entretien. Par contre nous devons rester joignables par téléphone tout le temps, rester disponibles pour les convocations à venir et avons interdiction de quitter la ville. Cette dernière directive tombe un peu sous le sens d'autant plus que nos passeports confisqués, nous n'avons à présenter comme pièce d'identité qu'un papier sur lequel est inscrit nos noms et prénoms et indiquant succinctement que les originaux sont détenus par le SBU pour affaire nous concernant. Je me dis alors avec ironie que ce boui-boui sera notre Hôtel California : "you can check out any time you like, but you can never leave...".
Nous nous couchons donc plein de questions ce soir-là, mais pour moi le sommeil sera de courte durée : on vient me chercher en pleine nuit pour m'emmener à l'hôpital afin de me faire une prise de sang pour dépistage des stupéfiants (mes 3 compagnons y ayant déjà été soumis un plus tôt). J'accueille cette nouvelle étape avec un brin d'optimisme : étant totalement clean les résultats pourront m'aider à étayer de manière tangible la ligne de défense à laquelle je me tiens depuis le début, à savoir que je ne suis au courant de rien et même pas consommateur.
Soudain en début d'après-midi deux douaniers font subitement irruption dans le préfabriqué en nous faisant comprendre de nous munir de nos bagages et de les suivre. Tout va très vite, ils nous pressent, nous crient dessus et le seul mot que je comprends est "bistro, bistro !!" (vite, vite !!). Nous rassemblons nos quelques affaires aussi vite que possible, et les suivons à l'extérieur où je vois qu'un fourgon nous attend. Ne pouvant obtenir aucune information de leur part je refuse de monter dans le fourgon et demande à mes compagnons de faire de même tant que nous ne saurons pas où nous allons être emmenés. Coup de fil en urgence à notre interprète à qui je passe un des douaniers, je récupère le téléphone et le couperet tombe : loin de s'arranger notre dossier à été transféré des douanes au SBU, les services de sécurité intérieure ukrainiens qui veulent nous interroger dans leurs locaux. Un mot à propos du SBU, il s'agit d'une unité bien différente de la police ou de la Militsya, chargées du maintient l'ordre public. Le SBU s'occupe quant à lui de la sûreté de l'état (son équivalent français serait la DGSE) et ses champs d'action sont le contrespionnage, la lutte contre le terrorisme, le commerce illégal de matériel militaire réglementé (armes, armes de destruction massives, etc.) et...la contrebande, catégorie dans laquelle ils ont jugé adapté de nous classer. Nous sommes abasourdis, alors qu'il était encore possible que nous soyons relâchés nous voilà traités comme des terroristes, la situation est tellement ubuesque que nous avons du mal à réaliser ce qui nous arrive, notre première réaction étant de nous dire que ce n'est pas possible, il doit s'agir d'une erreur dont ils se rendront vite compte.
Bref, nous montons finalement dans le fourgon et je profite du trajet vers la ville toute proche pour prévenir l'ambassade de ce nouveau rebondissement. Arrivés sur place Seb, Franck et Marion sont emmenés dans le bâtiment pour y être interrogés, quant à moi je suis sommé de rester dans le fourgon. Je reste donc là un bon moment avec la chienne Rita jusqu'à ce que 3 agents viennent me voir et m'expliquent la situation : si nous avons de l'argent nous pouvons aller à l'hôtel, si nous n'en avons pas nous serons conduits directement en prison. Il va de soi que je choisis la première option, un agent monte donc dans le fourgon et me conduit dans...un parc public de la ville, où il me débarque avec mes affaires, mais aussi la chienne et toutes les affaires des 3 autres dans des sacs plastiques ! Le tout sans la moindre explication; je ne comprends rien à la situation, mais le type me dit d'attendre ici. La scène, déjà pour le moins déstabilisante, devient surréaliste quand je vois les 3 agents en uniforme me rejoindre, entrer dans l'épicerie en face du parc pour y acheter des bières, et s'installer sur un banc du parc pour les siroter. Et me voici venant de passer à 2 doigts de la case prison, me voir proposer un bière par ceux qui doivent décider de mon emploi du temps des quelques années à venir ! Autant dire que la bière n'est pas acceptée de bon coeur mais pour essayer de les faire parler et d'en savoir un peu plus sur ce qui nous attend vraiment. C'est peine perdue, eux-même ne sont pas décisionnaires, ils se contenteront de mener l'enquête et c'est un juge qui statuera sur notre sort. La machine judiciaire est donc lancée...
La bière terminée me voilà parti avec eux dans leur voiture pour aller retirer des devises ukrainiennes et ensuite trouver un hôtel.
***
Nous arrivons à la réception de l'hôtel à la tombée de la nuit, et malgré le refus de la réceptionniste de me laisser prendre une chambre à cause du chien les policiers ne lui laissent pas le choix, ils me font donc monter avec l'animal et mes multiples sacs dans la chambre et m'y laissent en me disant que mes compatriotes m'y rejoindront plus tard. Je me retrouve donc seul et profite de ce premier moment de solitude pour prendre une douche et faire le vide dans ma tête. Je me souviens parfaitement de ce moment où je me retrouvait nu, sale et épuisé, éprouvant une terrible lassitude. Je réglais la température de l'eau de plus en plus chaude, lentement, laissant à ma peau le temps de s'adapter à chaque degré supplémentaire jusqu'à ce que la température devienne brûlante. Je me suis alors accroupi dans la minuscule baignoire, ai posé la tête sur mes genoux, fermé les yeux et fredonné "dans le port d'Amsterdam" afin de ne plus penser à rien, n'entendant nul autre bruit que le vacarme des trombes d'eau dans mes oreilles, sur le rideau de douche et le sol de la baignoire.
Lavé, quelque peu délassé et détendu je tâche de m'occuper en attendant Seb, afin de ne pas trop réfléchir. Je trie les affaires en fonction de leurs propriétaires respectifs et je commence à chasser les moustiques qui sont légion sur les murs et le plafond jaunâtres de la chambre. Au bout d'environ une heure les 3 autres reviennent. Nos amis de galère vont, malgré la tentative des policiers d'imposer notre présence, devoir changer d'établissement car la réceptionniste est revenue à la charge à propos de leur animal de compagnie et refuse donc catégoriquement de le garder. Quant à nous, nous devons rester au minimum 10 jours dans cet hôtel afin d'avoir une adresse fixe, une autre subtilité administrative autochtone à laquelle nous préférons ne pas chercher d'explication. Puis c'est le débriefing avec Seb : l'interrogatoire est resté superficiel, étant donné l'heure tardive il semble que les policiers n'aient pas souhaité faire durer l'entretien. Par contre nous devons rester joignables par téléphone tout le temps, rester disponibles pour les convocations à venir et avons interdiction de quitter la ville. Cette dernière directive tombe un peu sous le sens d'autant plus que nos passeports confisqués, nous n'avons à présenter comme pièce d'identité qu'un papier sur lequel est inscrit nos noms et prénoms et indiquant succinctement que les originaux sont détenus par le SBU pour affaire nous concernant. Je me dis alors avec ironie que ce boui-boui sera notre Hôtel California : "you can check out any time you like, but you can never leave...".
Nous nous couchons donc plein de questions ce soir-là, mais pour moi le sommeil sera de courte durée : on vient me chercher en pleine nuit pour m'emmener à l'hôpital afin de me faire une prise de sang pour dépistage des stupéfiants (mes 3 compagnons y ayant déjà été soumis un plus tôt). J'accueille cette nouvelle étape avec un brin d'optimisme : étant totalement clean les résultats pourront m'aider à étayer de manière tangible la ligne de défense à laquelle je me tiens depuis le début, à savoir que je ne suis au courant de rien et même pas consommateur.
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
:thanks: Totalement "accro" à ton récit... bien écrit, haletant... encore, encore !!
- Denis Chassac
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
C'est rien de le dire : je me suis surpris à surveiller l'apparition d'un nouveau message coimme on attend la parution d'un nouveau roman de ... (inscrire ici votre auteur préféré) !Pacha a écrit ::thanks: Totalement "accro" à ton récit... bien écrit, haletant... encore, encore !!
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Re: Truckistan : du soleil dans ton écran !
Idem
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