En ces temps d'immobilité, je me suis enfin décidé à raconter en détail (sur mon blog, mais je vais faire suivre ici pour participer à cette partie du forum) une galère qui m'est arrivée pendant l'été 2008 : 1 camion, 2 voyageurs, 7g d'herbe, quelques douaniers...et des tonnes d'emmerdes à la clé.
Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour raconter tout ça ? C'est le point de départ de cette histoire, que je publierais en plusieurs posts car c'est assez conséquent.
(et si vous pouvez m'épargner les "en même temps c'était pas malin" ou "la drogue, c'est mal"

...quoique, ça va parfaitement avec mon image de rang

)
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Ukraine 2008, ou la fin brutale d’un vagabondage insouciant
Septembre 2013, je casse ma boîte de transfert en Bulgarie. Coincé quelques jours dans une chambre d'hôtel le temps de trouver en France la pièce qui me permettra de repartir, je trouve tout à coup que cette situation a vaguement un air de déjà vu : 5 ans plus tôt, j'avais du rester un peu trop longtemps à mon goût dans un endroit bien moins agréable que Sofia, et dans des conditions bien plus pénibles qu'une panne mécanique. Je fouille mon disque dur et retrouve petit à petit des photos de cet épisode, des notes et surtout quelques vidéos dans lesquelles je me vois, 5 ans plus jeune, raconter ce qui m'arrive au fur et à mesure des évènements. Et je me rends compte que ma mémoire est en train d'effacer nombre de détails et de petits évènements que je ne veux pas laisser perdre dans l'oubli, ils sont le sel de cette histoire, et l'explication de bien des réactions que j'ai pu avoir à l'époque. Seul remède à l'effritement de ces souvenirs : reconstituer les pièces du puzzle tant qu'il en est encore temps en m'appuyant sur les documents que je venais de retrouver.
1 an et 1/2, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour faire ressurgir tous ces souvenirs, les coucher par écrit et me décider à les publier sur le blog.
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14 août 2008, 22 heures, je suis dans la salle d'attente de la gare de Presov dans l'est de la Slovaquie. Je suis seul, je suis à pied, et je n'ai pour tout bagage qu'un sweat à capuche, un jean, 3 caleçons, 3 teeshirts, 3 paires de chaussettes. Mais je suis libre.
J'allume mon appareil photo sur la position film, et je parle. En fait je me parle tout haut pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Il y a quelques heures j'étais encore passible de plusieurs années de prison, et me voici jeté hors d'un pays dans lequel je me suis débattu contre le système administratif et judiciaire 10 jours durant. Comment en sommes-nous arrivés là, comment les vacances de rêve ont-elles pu tourner au cauchemar, comment cette spirale infernale, telle le siphon du lavabo a t-elle pu nous entraîner de la surface lumineuse et insouciante du voyage aux profondeurs puantes de la privation de liberté et du poids de la peur.
Je m'appelle Olivier, j'ai 23 ans et depuis cet après-midi, j'ai retrouvé ma liberté.
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17 juillet 2007, un providentiel accident de moto me permet de réunir tout à coup les fonds pour réaliser un projet qui me trotte dans la tête depuis déjà plusieurs années : m'acheter un fourgon, l'aménager et partir faire le tour de l'Europe au gré des teknivals qui s'y déroulent tous les étés. J'en parle à mon pote Seb, il est tout de suite motivé à me suivre dans l'aventure. Je ne l'ai proposé qu'à lui : parmi mes amis d'enfance je sais que c'est le seul à être suffisamment curieux et sans attaches pour se lancer dans le projet. De plus son caractère facile et ma position de 2 ans son aîné en font le compagnon idéal, le petit frère que je vais initier au microcosme des tekno travellers que j'ai découvert les 3 années précédentes lors de voyages en République Tchèque. Cette fois c'est parti pour la grande boucle : traversée du vieux continent jusqu'au sud de la mer Noire et le mythique teknival de Bulgarie que n'atteignent qu'une poignée de motivés que les galères de la route auront épargné.
En novembre le camion est acheté, et je commence les travaux dans la foulée : tous les week-ends le réveil sonne à 8 heures et c'est par un froid de canard que j'aménage petit à petit, en novice, les quelques mètres carrés qui nous déplaceront et nous abriterons pendant presque 3 mois. Enfin, en mai le voilà prêt à partir et nous profitons d'un pont pour partir 5 jours en Ardèche afin de le tester avant le départ et de voir comment se déroulera la vie à 2 dans un si petit espace. Le week-end se passe à merveille, je note les détails à modifier ou à améliorer et c'est en pairs, pour la première fois, que durant ce séjour nous côtoyons des routards dont nous parlons désormais le même langage.
Début juin nous arrêtons tous les deux de travailler, nous mettons les 4 semaines suivantes à profit pour les derniers bricolages et préparatifs, et le 26 juin nous prenons enfin la route après tant d'heures passées le nez sur la carte, dans les guides de voyage des pays que nous comptons traverser et sur les sites internets et forums sur lesquels seront données les informations permettant de trouver les évènements tekno qui, illégalité oblige ne délivreront les informations sur le lieu final de la fête qu'au dernier moment.
Derniers adieux à nos famille, j'embrasse une dernière fois ma copine et nous voilà partis direction : plein est !
