Cet automne je n’ai pas fait grand-chose. La mécanique est presque terminée mais j’ai attaqué l’électricité ! Ah l’électricité du Brimont un vrai bonheur, pour les araignées. Vu de loin tout peut sembler OK, mais de plus près il en est autrement. Par exemple le câble de charge des batteries venant de l’alternateur est oxydé en profondeur quand on retire l’isolant, chaque fibre du câble de cuivre est oxydée or les oxydes de cuivre sont de très mauvais conducteurs électriques avec pour certains des propriétés semi-conductrices. Un câble est composé de nombreux brins, chacun étant oxydé en surface, le contact entre les brins du câble et la cosse sera donc mauvais avec comme conséquence échauffement (risque d’incendie) et baisse du courant passant.
En examinant de près de nombreux câbles, on peut constater que l’isolant plastique est cuit, rigide, cassant et poreux. Donc constatant la fantaisie de l’électrification du Brutt et l’état déplorable de nombre de câbles, j’ai décidé de reprendre ce câblage autant que faire se peut, en le rationalisant et en me réservant des points de test pour pouvoir contrôler les fonctions. Un gros boulot car il faut presque tout démonter pour comprendre comment ils ont câblé l’engin (je ne vous raconte pas les mauvaises surprises et les bricolages (d’origine ou par les militaires ?)).
Il faut aussi considérer de changer tous les connecteurs qui sont tous dégradés avec parfois des fusions partielles par surchauffe (ce que je vous disais plus haut). Les connecteurs ronds en caoutchouc noir sont eux également cuits avec des contacts oxydés et ils ne sont plus étanches mais parfois collés donc impossible à détacher. Je les ai remplacés par des connecteurs étanches modernes carrés à triple lèvres. Par exemple sur le connecteur du moteur d’essuie-glace un des fils était coupé ; le risque est présent sur tous les connecteurs, ce qui est fatalement risque de pannes.
Une fois que l’on a démonté tout ce beau monde il faut, avant de tenter tout câblage, établir le schéma de câblage de l’ensemble du camion et forcement c’est long et comme c’est long eh bien j’ai rajouté de l’électronique pour perfectionner certaines fonctions. Ah j’entends déjà les cris : pas d’électronique, ce n’est pas fiable et ça tombe en panne : eh bien NON ! l’électronique est plus fiable que l’électromécanique (un relais Solid State fera beaucoup plus de commutations fiables, sous réserve d’être bien utilisé, qu’un relais électromécanique classique.
Concernant la fiabilité de l’électronique je pourrais vous donner comme exemple les sondes spatiales Voyager lancées en 1977 et qui émettent toujours alors qu’elles ont quitté notre système solaire ; on va me répondre : oui mais c’est de l’électronique spatiale. OK.
Je possède des émetteurs récepteurs à lampes qui ont été fabriqués dans les années 1940 et qui fonctionnent toujours en ayant très peu dérivé leurs caractéristiques : oui mais c’est de l’électronique militaire. OK.
Je possède des oscilloscopes et générateurs de fonctions qui ont plus de trente ans et qui fonctionnent toujours, certes ils ont moins de fonctions que mes appareils modernes, c’est pourquoi je les ai changés, mais ils fonctionnent toujours : oui mais c’est de l’électronique de métrologie !
Donc en tant que consommateurs non spatiaux, non militaires non électroniciens les gens acceptent que les voitures aient une électronique de merde qui tombe en panne à chaque instant. Les voitures doivent vraiment être bon marché ? Non, ben alors il y en a qui se font des c en platine sur le dos des automobilistes qui achètent une voiture pour ses gadgets.
Je m’explique, la fiabilité de l’électronique dépend de la qualité des composants qui la constituent et surtout de la qualité et de la minutie de son montage. La qualité des soudures est fondamentale et cela comporte un dégraissage parfait, une soudure en milieu neutre, un flux de soudure de bonne qualité et une température du flux de soudure adéquate.
Vous me direz que cela, tous les ingénieurs en électronique automobile le savent parfaitement ; je n’en doute pas, alors pourquoi l’électronique automobile jouit-elle d’une si mauvaise réputation. Peut-être que ceux qui sont à la tête des entreprises et dont les neurones ont été mutés en Dollars sont les responsables d’une piètre qualité de réalisation afin de tirer toujours les prix vers le bas ? Question ouverte.
Sur les camions Italiens Bremach, il y a une seule carte électronique qui est située dans un boitier sous le capot. On peut en acheter une d’avance et la changer en cas de problème, c’est déjà un point intéressant.
Je ne crois pas qu’il soit bon en électronique automobile de dispatcher des boitiers électroniques aux quatre coins du véhicule, là où ils vont prendre l’eau et des chocs. Je ne crois pas non plus qu’il soit bon comme en informatique d’avoir une seule carte mère sur laquelle toutes les fonctions sont implémentées car cela veut dire fragilité à cause de la miniaturisation des circuits qui nécessite une qualité élevée de réalisation donc des coûts élevés et une réparabilité quasi nulle.
Je pense qu’il est beaucoup plus raisonnable d’utiliser des cartes électroniques, une pour chaque fonction, assemblées sur un bus avec multiplexage, dans un rack qui pourrait être blindé et étanche et installé sous les sièges par exemple. En cas de panne d’une fonction, il serait beaucoup plus simple de changer ou de tester une carte spécifique et éventuellement de la réparer car moins complexe qu’une carte mère centrale. Vous me direz oui, mais les constructeurs font exprès d’avoir un mauvais taux de réparabilité pour essorer le client dans les concessions. Bien, mais maintenant la loi impose la réparabilité.
Et puis, vous en tant que consommateur, au lieu de regarder des pubs à la télé avec des minettes qui se pavanent dans des voitures jeux vidéo, dans des rues étrangement vidées de tout autre véhicule (il faut éviter les accidents, cela ferait désordre) ne seriez-vous pas attiré par une voiture qui a un bon taux de réparabilité économique et dont le diagnostic en cas de panne est aisé ? CAR DRIVERS POWER !!!
J’ai l’avantage de connaître l’électronique et de pouvoir concevoir un schéma, d’en réaliser la gravure et l’assemblage et ensuite le test et la mise au point. J’aurais pu suivre mes conseils et installer toute l’électronique dans un rack, mais je ne suis pas constructeur automobile qui lance une série, le travail de mise au point des circuits est un peu long tout de même, donc je suis parti de circuits existants en kit afin de gagner du temps. Mais ces circuits, un pour chaque fonction, je peux les modifier pour les adapter à mes besoins et cela me prends moins de temps que de les concevoir. Compromis n’est pas compromission.
Je vous présente en images ci-joint des schémas qui sont plus ou moins définitifs, car il peut y avoir des surprises. Je les aie réalisés à la main plutôt qu’avec un logiciel de CAD car je dessine mes schémas en fonction de mon humeur et là où je me trouve, donc par exemple en vacances, et c’est donc plus rapide et plus aisé de les tracer à la main, et puis cela me rappelle de vieux souvenirs paternels (ça c’est ma madeleine de Proust personnelle). Chacun peut y piocher son grain. Les schémas peuvent paraître complexes, mais ce n’est qu’une apparence, ne regardez pas la totalité, il suffit de lire en bas la fonction et le schéma de la fonction est au-dessus et toujours très simple. Le schéma complet n’est donc qu’une addition de fonctions unitaires.
Je sais qu’il y a des réfractaire viscéraux à l’électronique, ce n’est pas grave, il suffit qu’ils zappent les fonctions électroniques et de toute façon c’est le schéma de mon Brutt et à chacun le sien.
J’entends mugir ceux qui me disent il y a un mais, que ferez-vous en cas de panne électronique ?
MAIS, mais non, chaque circuit est monté en parallèle avec la fonction qu’il est sensé assister, ce qui veut dire qu’en cas de panne du circuit électronique la fonction de base persiste. Par exemple, j’implémente une temporisation pour l’essuie-glace, si elle tombe en panne je n’aurais plus d’essuie-glace intermittent, mais j’aurais toujours l’essuie-glace classique.
Quand on prend le temps d’étudier l’électronique, elle devient simple car il y a des circuits de base qui assument des fonctions de base, certes avec quelques variations, puis un circuit complet est en fait un assemblage de fonctions élémentaires. C’est comme les mathématiques, c’est en fait très simple, mais certains profs de maths ne font que tout embrouiller pour prouver leur savoir auprès des élèves médusés.
Bonne route!
